Le plaisir coupable du trainer
J’ai un plaisir coupable : j’adore m’entraîner sur mon trainer (base d’entraînement). Il y a quelque chose d’hypnotisant à rester dans ma bulle, à voir mes watts grimper comme le marché boursier un jour d’euphorie, et à enchaîner les heures sans interruption… sans jamais risquer une portière ou un automobiliste distrait.
Mon record ? 6 heures non-stop. Pas encore un record Guinness, mais probablement une entrée honorable dans le DSM-5.

Peut-on troquer la route pour le trainer ?
C’est la vraie question. Si on se prépare pour une course de vélo ou un triathlon, peut-on remplacer complètement les sorties extérieures par du trainer ?
J’ai voulu tester sur moi-même : pour mon Ironman Ottawa, j’ai fait 90 % de mes sorties à l’intérieur, malgré les conseils de mon entraîneur.

Les avantages du vélo d’intérieur
- Contrôle de la puissance : rien ne bat le trainer pour suivre précisément ses zones cibles et mesurer ses progrès.
- Efficacité totale : pas de feux rouges ni de descentes – juste de la constance et de la souffrance bien dosée.
- Contrôle complet : température, cadence, pente, puissance… tout est maîtrisé, et la charge mentale diminue.
- Sécurité : pas de voitures, pas de glace, pas de nid-de-poule.
- Préparation express : en 5 minutes, tu es prêt à rouler. Un vrai bonheur quand ton horaire est chargé.
- Données, données, données : pour les mordus de Strava, c’est le paradis.
Tu peux même écouter ton émission préférée en même temps!
Et bien sûr, la constance : pluie, neige ou vent, ton plan d’entraînement ne bouge pas - toujours sur la même Watopia Flat Route.
Mais… il y a un bémol.
Les études montrent que la perception d’effort est plus élevée à l’intérieur : moins de ventilation, plus de chaleur, plus de fatigue perçue. Le trainer forge la rigueur, mais il chauffe la tête… littéralement.
Ce que le trainer ne m’a pas appris
1. Le vent et la position aérodynamique
Aussi bon soit ton ventilateur, il ne remplacera jamais le vent réel. À l'intérieur, les watts font foi de tout. Dehors, la position aérodynamique sur le vélo a un impact non négligeable qui augmente avec le vent, et il stimule ton corps d’une façon unique.
Anecdote : à mon Ironman Ottawa, après 80 km, mes yeux étaient secs comme le désert - pas habitués au vent ! Même les muscles des paupières ont besoin d’entraînement.
2. Les virages et les relances
Sur trainer, tout est linéaire. Dehors, chaque virage, chaque freinage ou côte mobilise ta coordination et tes stabilisateurs. Sur trainer, tu fais des watts. Dehors, tu fais du vélo.
3. Le mental et le social
Rouler dehors, c’est affronter les éléments, mais aussi nourrir la tête et le cœur. C’est motivant, stimulant… et social ! J’ai manqué plusieurs sorties entre amis cet été parce que j’étais “en zone 3 sur Zwift”. Mon FTP montait, mais pas mes relations.

Alors, vélo intérieur (trainer) ou extérieur ?
La science est claire :
- Le trainer développe la puissance, la constance et la précision.
- L’extérieur forge la résilience, la coordination et l’instinct.
Ensemble, ils forment l’athlète complet : rigoureux dans l’effort, mais libre dans le mouvement.
Références scientifiques (sources)
- Training, environmental and nutritional practices in indoor cycling. Frontiers in Sports and Active Living, 2024.
- Zouhal, H. et al. (2019). Comparison of mechanical power output during outdoor and indoor cycling. Eur J Appl Physiol, 119(12), 2687–2695.
- Muscle activation differences between outdoor and indoor cycling. Delft University of Technology Repository, 2023.

